Il y a quelques mois se terminait une magnifique exposition au Musée de Cluny : « Les temps mérovingiens, trois siècles d’art et de culture (451-751) ».
Nous avions pu y admirer de nombreux manuscrits parmi les plus anciens de l’Histoire de France et où figurent les premières enluminures.

Gaule mérovingienne en 628
Quels sont ces manuscrits et d’où proviennent-ils ?
Ces textes, pour la plupart des Bibles et leurs commentaires, textes patristiques (textes et écrits des premiers évêques, par exemple lettres de saint Augustin et saint Ambroise) et lois romaines, sont copiés dans les scriptoriums* de monastères disséminés sur le territoire de la Gaule Mérovingienne : Lyon, Luxeuil, Corbie, Soissons, Tours.
Il est souvent difficile de dater précisément ces manuscrits. Ils ont été copiés entre le VIIème et le VIIIème siècles.
*scriptorium (au pluriel, des scriptoria ou des scriptoriums) est un mot latin dérivé du verbe scribere qui signifie « écrire ». Ce nom désigne l’atelier dans lequel les moines copistes réalisaient des livres copiés manuellement.
Écritures :
Il n’y a pas une seule écriture mérovingienne, mais chaque monastère élabore sa propre écriture.
Enluminures :
Un art de l’enluminure et du décor des textes commence à se développer. Il y a peu d’ornementation en pleine-page. En général, le décor est intégré au texte. Les lettres initiales reçoivent l’ornementation la plus fréquente : Oiseaux, poissons, et motifs floraux ou abstraits évoquant broderies et tissages.
Les titres écrits en pleine-page sont entouré d’un encadrement emprunté au répertoire architectural : colonnes ou pilastres supportent arcs en plein cintre. A l’intérieur, des motifs de rosaces, étoiles, frises, rinceaux reprennent le répertoire ornemental zoomorphe, géométrique ou végétal que l’on peut trouver dans la technique du cloisonné en orfèvrerie. Sur cette photographie, un très bel exemple de cette technique sur des fibules découvertes dans une tombe de Saint-Denis.

Fibulae Aregund
La gamme chromatique est restreinte : jaune, vert, rouge-orangé. Ces couleurs les plus couramment utilisées par les enlumineurs mérovingiens, notamment à Luxeuil, sont des couleurs transformées chimiquement :
- Jaune : probablement un sulfure naturel d’arsenic.
- Vert : tiré de l’oxyde de cuivre.
- Rouge-orangé : à base de minium, c’est-à-dire un oxyde de plomb calciné.

Hexameron, texte de saint Ambroise, fin du VIIIème siècle. Provenance : monastère saint-Pierre de Corbie. Conservé à la BnF.
Un art aux influences diverses :
Cet art fait une synthèse entre des éléments provenant de l’art antique et paléo-chrétien (motif des portiques et des poissons), de l’artisanat (orfèvrerie, tissage et broderie) et de l’art celtique (Irlande). Nous parlerons de cette dernière influence lors d’un prochain article.
# Marie de Bonnafos #